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Diversité

Nous aussi, nous sommes inquiets. “On ne va pas le cacher, il y a des moments difficiles, surtout quand les nouvelles accablantes s’accumulent. ” Ce sont les mots de Barbara Réthoré et Julien Chapuis, biologistes et explorateurs de la biodiversité. Nous sommes inquiets, car le temps change, vite, trop vite, beaucoup plus vite que nous ne l’avions imaginé. Des pluies diluviennes succèdent à des sécheresses éprouvantes. Les caves des maisons et les piscines de nos voisins sont inondées de boue, car les terres agricoles glissent, plus rien ne les retient. Et c’est la diversité d’un sol qui disparait…

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Et ce sont des ruches, mortes, encore une fois après l’été. Des pins sylvestres et des épicéas qui meurent sous les attaques des scolytes et de la chaleur. Les thuyas meurent aussi, dans la plus grande indifférence puisque personne ne les aime. Chaque jour ce sont combien, 50, 100, 200 ? espèces qui disparaissent. Et il serait idiot de croire que notre sort n’est pas lié au leur.

Nous avons appelé ce numéro Diversité, car il nous semblait que c’était un sujet majeur. Celui-ci s’ouvre donc avec l’interview de Barbara Réthoré et Julien Chapuis. Tous deux reviennent sur leur parcours et leur travail, sur ce qu’est la biodiversité. Ils nous parlent de son exploration, mais aussi de son effondrement. Ils s’interrogent aujourd’hui sur leur pratique, comment continuer ce travail aujourd’hui, comment rendre compte de ce qui se passe ?

Anaïs Jeunehomme s’attache, dans son article, à explorer le terme de diversité, en le confrontant à notre quotidien. Cette notion de diversité, selon qu’on l’accepte ou non est souvent le reflet de notre vision du monde. Un troisième article rédigé par Éric Castex revient sur la question de l’exploitation forestière, dont les pratiques actuelles basées sur de la monoculture participent de ce saccage permanent. Comment être forestier autrement ?

Il s’agit aussi nécessairement de la diversité des paysages. Marion Guichard a parcouru pendant une quinzaine de jours l’espace tracé autour et dans Berlin par l’ancien mur. Elle a recensé, lieu par lieu, ces tout petits paysages.  Il y a aussi la diversité des histoires, des récits, des paroles données et récoltées par Vincent Guérard, pour échapper à l’uniformisation de la pensée. Il y a autant de façon de parler du paysage qu’il y a d’individu pour en parler. Ces échanges, ces paroles avec les habitants, ont été essentiels dans le processus de création au sein du programme Vassivière Utopia. Trois équipes de paysagistes et architectes reviennent sur leur travail dans trois communes du territoire Limousin.

Et puis il y a le ciel, changeant à toute heure, ces variations infimes ou spectaculaires que photographie Philippe Astolfi. Le ciel est le reflet de ces changements et il se fait parfois bien menaçant.

Armande Jammes pour Openfield

 

Pour référencer cet article :

Openfield, Diversité, Openfield numéro 14, Décembre 2019