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Climat

Une partie de la France est encore sous la neige, plus de neige qu’il n’y en a eu ces dernières années, et les stations de sport d’hiver sont fermées. À défaut d’autre chose c’est au moins une respiration pour la montagne. Alors, pour commencer cette nouvelle année de plongée dans l’inconnu, nous vous proposons un numéro intitulé Climat. Car les changements sont en cours, et si personne ne peut vraiment prédire la suite, chacun d’entre nous peut désormais mesurer à quel point ce n’est déjà plus comme avant. Le soleil est plus brûlant, les tempêtes sont plus fréquentes, les inondations se succèdent…et les pandémies arrivent.

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Tous ces petits et grands changements, Manon Pondevie nous en fait le récit dans ce très bel article d’ouverture. Elle parcourt les notes du cahier vert de son père,  qui minutieusement notait le temps qu’il fait jour après jour. Elle nous raconte la ferme qui était celle de ses grands-parents, comment son pépé savait lire le temps qu’il allait faire grâce au vent et au son des cloches. Et petit à petit les changements de ce bocage vendéen, de ces lisières en bord de mer. 
Pierre Lacroix, lui, nous projette dans le futur au moyen d’une bande dessinée. Du temps a passé, une partie du monde actuel s’est effondrée, la forme des villes a changé. Ce travail de prospective est aussi un travail de projet de paysage qui cherche à nous emmener vers quelque chose de plus lumineux, de plus enthousiasmant. 
Ce métier de paysagiste doit aussi savoir muter. Sylvanie Grée nous exhorte, face à ces changements, à nous mettre en mouvement, individuellement et collectivement. Elle interroge, en tant que conceptrice, sa façon travailler. Malgré l’inconnu vers lequel il nous emmène, ce climat changeant doit être le variant incontournable des projets à dessiner. Quitte à se tromper.

Cette modestie on la retrouve chez Bertrand Coquin et Vincent Collard. De leurs expériences respectives en agroforesterie, dans le Vézelien en France et dans la province de San Martin, au Pérou, il nous livre un carnet de bord croisé. Celui-ci fait état de leurs certitudes, puis de leurs doutes, de leurs hésitations. Des avancées, des expérimentations essentielles mais qui se font à tâtons.
Paola Gonzales Jara, urbaniste, nous raconte avec humour le quotidien de ces villes écrasées par la chaleur, entre la vie dans le noir et la course aux ventilateurs. Comment des villes, comme Lyon ou Paris, ne sont pas prêtes à affronter les canicules . À Vichy, Éric Larray et Guillaume Portero ont de leur côté mis en place un protocole d’étude pour quantifier les îlots de chaleur dans une ville moyenne.  Ils reviennent en détail sur cette étude et sur leurs résultats qui vont permettre à la collectivité d’adapter, dans les années à venir, les programmes de plantation et d’aménagements.

Les photographes s’emparent aussi de ce sujet, leur travail se heurte à ces changements du paysage. Véronique Popinet revient ainsi en image sur un nouvel été de canicule et de sécheresse dans le Charolais, des vaches paissent dans des prés qui ne sont plus que de la terre et de l’herbe brûlée. Le Collectif Nouveau Document nous présente un projet multiforme, Un futur possible. Un webdocumentaire à découvrir en profondeur, où le travail de chacun s’articule autour de cette question, quel avenir ?

Tanguy Colas des Francs, issu du milieu de la sylviculture, observe ce changement en regardant les arbres. Comment certains meurent, comment certains résistent, comment certains semblent s’adapter. Comment un pommier présente sur le même rameau un fruit et une fleur. Il propose, en place de la panique, d’essayer de comprendre et de composer avec ce que le vivant semble nous offrir.

Il y a enfin le regard de l’artiste, et nous finissons ce numéro avec la proposition absurde de Clément Richeux. Comment cette époque d’hyper complexité parviendra-t-elle à s’adapter ?

En vous souhaitant une belle année et une bonne lecture,
 

Armande Jammes pour Openfield

 

Pour référencer cet article :

Openfield, Climat, Openfield numéro 16, Janvier 2021