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Nourrir

2022 est déjà bien entamé, avec un peu de retard, voici nos meilleurs voeux ainsi que le numéro 18 ! Nourrir. Un verbe qui peu à peu prend de plus en plus de place, et c’est tant mieux, au sein des politiques de paysage, dans le travail quotidien des praticiens, et par conséquent pour ceux qui sont sur le terrain. Aussi avons-nous souhaité ouvrir le numéro sur le témoignage de Vitech, responsable d’un service des Espaces Verts dans une petite ville française.

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Il nous raconte comment les missions habituelles d’entretien, de tailles, de mise en valeur, ont peu à peu glissé vers cette nouvelle ambition : Nourrir.  Comment répondre à cette nouvelle demande ? Comment dès lors faire évoluer sa profession ? Comment faire pour que ce bel idéal puisse s’accomplir en tenant compte des aléas et des difficultés rencontrées dans le cadre de la gestion d’espaces publics ? 
Cette dimension nourricière de la ville, Sebastien Goelzer revient plus longuement dessus, refaisant le chemin de ces pratiques maraîchères qui, partant des Faubourg de Paris, ont fait le tour du monde avant d’y revenir. Comment aujourd’hui mettre à nouveau en action ces pratiques, afin que la ville puisse elle-même (en partie au moins) se nourrir ? Adrien Demay de son côté, l’expérimente au quotidien, maraîcher (et designer) à Aubusson, il nous retrace son parcours d’installation, analysant l’histoire de ce métier et l’histoire de la ville, choisissant méticuleusement son terrain, adaptant le dessin de son jardin à l’existant et à la vision du maraîchage qu’il veut défendre.

Cette question de l’autonomie alimentaire des territoires et de la durabilité de ces filières est évidemment avant tout politique. Pour avancer sur ces questions, les collectivités et la société civile commencent à s’emparer des nouveaux dispositifs que sont les Projets Alimentaires Territoriaux. Axelle Thierry, paysagiste et doctorante, revient sur ces PAT, en tirant de premiers enseignements, plaidant notamment pour une meilleure implication des paysagistes au sein de ces projets d’envergure. À l’opposé de ces grands projets se situe le travail de Laura Nowak, paysagiste et bergère, qui mène son troupeau de moutons dans la montagne du Haut-Verdon. Car les alpages, on a tendance à l’oublier, sont aussi des paysages nourriciers, leur maintien et leur existence sont liés à celle de la présence du bétail. Laura Nowak croise dans cet article son regard à celui de Marc Benoît, agronome, nous proposant une lecture fine de ces paysages et de leur grande richesse. Tous deux membres du collectif Paysage de l’Après-Pétrole, ils nous rappellent combien le pastoralisme, s’il est ancestral, est une pratique d’avenir.

Nourrir n’est pas nécessairement produire. Nourrir c’est aussi pouvoir et savoir cueillir. Manon Diekmann nous présente son travail de diplôme, elle revient sur cette pratique qui propose une vision renouvelée du paysage et de la plante, élaborant un projet autour de cet apprentissage, dans un mouvement qui partant des bords de la ville nous emmène vers la campagne.

Nourrir c’est aussi entretenir toute la chaîne du vivant, à commencer par les insectes nectarivores, car ce sont bien eux qui assurent le maillon essentiel de la chaîne alimentaire par la pollinisation. Il est donc essentiel, pour Olivier de Sépibus, artiste, jardinier, apiculteur, de s’emparer et de créer les conditions de paysages mellifères. Pour que perdurent les abeilles. Pour que perdurent les végétaux, les insectes, les oiseaux, les mammifères, les humains. Pour que perdure le vivant.

En vous souhaitant de belles lectures,
 

Armande Jammes pour Openfield

 

Pour référencer cet article :

Openfield, Nourrir, Openfield numéro 18, Février 2022