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Le corps

“Avant de sombrer dans une vulnérabilité sanitaire et environnementale liée à la crise climatique, la mise à nu pourrait nous permettre de retisser des liens de confiance avec nous-mêmes et nous donner le courage d’affirmer que les dommages causés sur l’environnement au quotidien nous atteignent plus profondément que nous osons l’admettre.”

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Ainsi s’achève le témoignage de Dimitri Boutleux qui vient ouvrir notre numéro 13. Il s’agit de parler du corps. Celui de l’humain, sa place dans le paysage. Et alors que l’été s’installe, et que la chaleur est déja (trop) intense, le texte de  Dimitri Boutleux nous raconte comment le naturisme est d’abord pour lui une expérience physique du paysage. Une expérience qui semble aujourd’hui nécessaire pour que nous puissions comprendre quelle est notre place dans le monde.

Nous avons souhaité pour ce numéro revenir sur le travail de Marie-Christine Palombit, qui fut notre enseignante à l’école du Paysage. Les ateliers de modèle vivant pour nous, jeunes étudiants en paysage, étaient particulièrement émouvants et troublants. Saisir, dans l’obscurité d’un préfabriqué la ligne des corps s’est avéré essentiel dans notre appréhension de l’espace et du paysage. Parce que le corps est un outil d’expérience et de compréhension de l’espace. Héloise Lenglet et Flore Dallennes, de l’Atelier de l’Ours, l’utilisent comme outil de travail dans leurs ateliers auprès de public d’enfants et d’adolescents, car l’expérimentation physique des lieux leur permet d’entrer de manière active et positive dans le projet. Marie Perra, de son côté, a, pour son travail de diplôme, fait de son propre corps son médium. Pas de note, pas de photo. Des sensations. Des captations. Puis des expérimentations. Pour trouver le bon dessin, la bonne forme à donner au paysage.

Ce que Ruth Oldham explore est notre rapport à la gravité. “Notre désir de s’élever et notre besoin d’être enraciné”. Le texte issu d’un atelier Architecture & Ecriture revient au travers de 4 verbes, 4 images, sur notre capacité à creuser le sol, élever des montagnes, à vouloir déplacer, former, déformer la surface de la terre sur laquelle nous évoluons. Cédric Ansart revient lui sur la notion d’horizon, comment nous cherchons, physiquement et mentalement, à nous mettre en retrait, à faire un pas de côté par rapport à notre quotidien pour mieux nous reconnecter au monde et au territoire… Et à nous-mêmes.

Nous avons choisi de publier aussi le texte d’Amandine Bloch, parce qu’il nous parle du corps quand celui-ci est mis à l’épreuve. Dans le récit qu’elle nous fait de son expérience dans une ferme des Ardennes, la difficulté est d’abord physique, parce que le travail qu’elle effectue est pénible, répétitif, ingrat semble-t-il. Et c’est sans doute dans le paysage qu’elle trouva les ressources pour tenir et un espace de dialogue avec le monde de l’agriculture.

Enfin, pour clore ce numéro, nous retrouvons le travail de Claire de Colombel, artiste, qui, avec son propre corps, explore le paysage, sa lumière, en cherchant à s’y fondre.

En vous souhaitant une bonne lecture,

L’équipe d’Openfield

 

 

Pour référencer cet article :

Openfield, Le corps, Openfield numéro 13, Juillet 2019