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Le jardin des joyeux

La rocaille urbaine

Le quartier de la Maladrerie est une cité-jardin construite dans les années 1980 à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis. À l’été 2015, un grand parking à l’abandon de 1700 m² a été démonté : la couche d’enrobé a été cassée et laissée en l’état pour empêcher tout accès aux véhicules motorisés. Le parking reste longtemps entouré de barrières de chantier et crée un paysage chaotique, qui peut être vu et vécu de façons très diverses par les habitants. Dans la mesure où un projet de réhabilitation ANRU 2 du quartier est à l’étude, l’Office Public de l’Habitat d’Aubervilliers demande une proposition d’aménagement frugale et temporaire.
Nous proposons donc de transformer ce chaos de bitume en un jardin de rocaille géant !

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Le passage du plan lisse du parking à cette mosaïque de plaques, d’interstices, de trous, a multiplié les orientations, la profondeur, la surface propice au développement d’une flore spécifique et très riche. L’enjeu du projet consiste donc à apporter une nouvelle fertilité pour accueillir la nature à partir d’un sol stérile, imperméable et inexistant.

C’est un jardin qui doit pouvoir se développer par lui-même, au fil des saisons, sans arrosage et sous une intervention jardinière limitée. Il nécessite peu d’entretien (environ 5 visites par an) mais il reste fragile si on adopte de mauvaises techniques d’intervention. L’entretien demande un savoir-faire jardinier poussé pour reconnaître les plantes et leurs semis, agir au bon moment, faire les bons gestes. Nous adoptons un jardinage par soustraction qui consiste à laisser la place aux plantes que l’on veut favoriser afin de trouver la meilleure dynamique.

Inspirée par les jardins de rocaille du 19e siècle, comme celui du Jardin des Plantes, la palette végétale est choisie parmi celles des plantes alpines et des plantes des sols superficiels. Elles pourront survivre à ces conditions extrêmes, se ressemer et assurer la colonisation des différents types de fractures. Malgré un sol pauvre, le jardin accueille paradoxalement une grande richesse floristique : plus de 150 espèces différentes!

Le chantier de plantation est réalisé à l’automne 2016. Rien n’est exporté, un peu de substrat est apporté pour remplir les fissures. En 2017, le jardin s’installe et commence à grignoter l’asphalte….

C’est un jardin très changeant. Au printemps, il se pare de couleurs et offre une danse rythmée de ses premières floraisons. C’est la levée des semis, la sortie des bulbes. Pendant les chaleurs de l’été sans arrosage, le jardin se repose et semble parfois fané. À l’automne, toujours en mouvement,  l’ancien parking reprend des couleurs sur une couverture cendrée, annonciatrice d’un calme hivernal, pour rejaillir au prochain printemps…
Les plantes sont laissées en l’état tout l’hiver pour se ressemer.

En 2021, cinq ans après sa création, le jardin a pris ses aises : le bitume disparaît de plus en plus, les pollinisateurs sont nombreux et les arbres ont pris une belle ampleur…

Quelques données chiffrées :

Surface du parking 1500m² :
42 m3 de substrat apporté
15 m3 de gravier
1000 vivaces
500 g de semis adapté aux sols secs
100 arbres et arbustes
plus de 150 espèces de plantes différentes
Durée du chantier : 5 jours à 7 personnes

 

Pour référencer cet article :

Wagon Landscaping, Le jardin des joyeux, Openfield numéro 17, Juillet 2021

Juillet 2015
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Octobre 2016
Octobre 2016
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Juin 2021

Crédits photographiques © Wagon landscaping